Je pense que la peinture est une manière d'appréhender la réalité cachée non seulement des êtres et des choses mais aussi des idées qui sous-tendent une époque. Elle est un peu le contraire de la photographie. Elle s'intéresse au monde intérieur alors que la photo se passionne pour le monde extérieur. Le mariage entre la lumière, l'émotion et le sens est devenu peu à peu mon objectif à travers n'importe quelle forme d'expression et en particulier la peinture. La portée de l'art ne peut être purement décorative. Il est un regard sur le monde dans lequel nous vivons, ses problèmes, ses solutions. Il est ou devrait être politique et militant, même si cet aspect - le fond - ne saute pas aux yeux, la forme étant prioritaire. De toute façon je suis de ceux qui pensent qu'en art, le fond et la forme ne font qu'un. La préméditation n'est pas indispensable au sens. Souvent, c'est l'opposé. C'est l'émotion qui est le sens. Le fugace ne peut être capté sans une certaine vitesse d'exécution. Mais parfois, il faut réfléchir à ce qu'on met dans une œuvre au lieu de jeter dans la marmite pèle-mèle le contenu du panier. Cela ne veut pas dire qu'il y a des recettes en peinture. Au contraire, cela veut dire que chaque œuvre est différente et dicte sa propre expression : abstraite, figurative, improvisée ou longuement méditée à partir d'une vision, d'une idée ou d'un sentiment. C'est selon.